Article 1 - Il est ajouté , après l’article 4 du décret du 29 mai 1996 susvisé, un article 4-1 ainsi rédigé : "Art. 4-1 - Une note de vie scolaire est attribuée aux élèves de la classe de sixième à la classe de troisième des établissements relevant du ministère de l’éducation nationale. Cette note mesure l’assiduité de l’élève et son respect des dispositions du règlement intérieur. Elle prend également en compte sa participation à la vie de l’établissement et aux activités organisées ou reconnues par l’établissement. Elle est attribuée par le chef d’établissement sur proposition du professeur principal de la classe et après avis du conseiller principal d’éducation. Un arrêté du ministre de l’éducation nationale précise, en tant que de besoin, les conditions d’attribution de la note de vie scolaire."
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Fait à Paris, le 10 mai 2006 Dominique de VILLEPIN Par le Premier ministre : Le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche Gilles de ROBIEN
Il y a beaucoup à dire à propos de cette sinistre note. Essentiellement qu'elle est profondément injuste au sein d'un établissement et même au niveau national. Le diplôme du brevêt qui se veut un diplôme national prend en compte, grâce au contrôle continu, une note "maison" que chaque établissement peut ajuster à sa guise...
Aucune directive du ministère n'impose de fourchette de note ni de barême précis pour celle-ci. D'où une injustice selon l'établissement où l'on est élève. Certains établissement ont d'ores et déjà choisi de mettre 20/20 à tout le monde. D'autres jouent le jeu et se fixent des règles "maison" pour pallier à l'absence d'un barême national.
Le principal de mon établissement a eu un discours très instructif sur les dérives possibles grâce à cette note de vie scolaire.
Il a d'abord précisé que les chefs d'établissement du bassin (comprenez les chefs d'établissement d'un même secteur au sein de l'académie) s'étaient réunis pour établir un barême commun.
Dans la mesure où de bonnes notes de vie scolaire dans un établissement sont le signe d'élèves assidus, respecteux du règlement intérieur et investis dans la vie de leur établissement, je me dit qu'ils ont tout intérêt à ce que ces notes soient bonnes. Je ne vois pas un chef d'établissement se tirer une balle dans le pied en mettant une note minable aux élèves difficiles...
D'ailleurs, pour mon chef, la fourchette de note se situe entre 14 et 18.
Le 14 me gène. Un élève difficile, qui n'en fout pas une à l'école et est régulièrement avertit ou renvoyé peut obtenir avec cette note de vie scolaire la meilleure de toute sa scolarité. Un comble. Quelle est la pédagogie dans une telle situation ? Il ne verra pas qu'il a la plus basse note possible, il va simplement voir qu'il a la moyenne... qu'on vienne me bassiner encore avec la formation des citoyens de demains dans ma classe après ça.
Le 18 me gène aussi. Par peur d'éxagérer, peut être, mon chef estime qu'aucun élève ne peut avoir 20/20. Pourtant, des élèves travailleurs, doués et civilisés, on en a tous. Ils ne mériteraient pas 20/20 ceux-là ? En plus d'être de bons élèves il faudrait qu'ils montent des associations pour financer un puit au Sahel ? Etre bon élève c'est un travail à temps plein. Quelqu'un s'est penché sur l'emploi du temps d'un élève de collège dernièrement ? Je fini avec le cas d'une élève d'un collège voisin. Une habituée des bonnes notes. Pour son premier trimestre de troisième elle obtient un joli 18,5/20 de moyenne générale. Sa note de vie scolaire ? 18/20, le maximum de son établissement. Comment ça ? Sa moyenne générale devrait baisser "à cause" de cette note de vie scolaire ? Où va-t-on ?
Au final, cette note de vie scolaire récompense les mauvais élèves et dit aux bons élèves "Peux mieux faire !". Où on va comme ça ?
Mais le meilleur est pour la fin... Mon cher chef précise qu'en plus de cette fourchette de 14/18 (ça hérisse le poil des collègues d'histoire... la guerre de 14-18... les poilus... je sort...) il faut aussi obtenir une moyenne des notes de vie scolaire de 16. Oui, notre cher chef estime que notre établissement n'a pas de soucis majeur et qu'il a droit à 16/20.
Si vous avez bien lu, il est demandé au professeur principal de réunir son équipe pédagogique pour mettre au point, ensemble, une note pour chaque élève. Sur des critères qui sont extérieurs à leur cours, bien sûr.
Après quoi, le CPE donne son avis. Il est évident que le CPE ne va pas regarder à la loupe toutes les notes... Si une équipe pédagogique a une classe à charge, le CPE , lui, a tout l'établissement. Mais au moins elle passe entre ses mains, car c'est tout de même une note de "vie scolaire".
Et, enfin, le grand chef arrive avec sa fourchette et sa moyenne et décide seul, au final, de la note à donner. Comme si le restaurant du coin se donnait lui-même les 4 étoiles.
Les parents que vous êtes trouvez peut-être cette note de vie scolaire comme un progrès, mais j'éspère vous avoir donné les éléments pour réfléchir autrement aux problèmes liés à cette note.
Et j'éspère surtout que si votre enfant n'a pas 20/20 vous allez réclamer les critères concernant cette fameuse note.
en tout cas, le professeur principal de troisième que je suis, ne proposera pas de note. Si la moyenne et la fourchette sont imposées je ne vois pas l'intérêt d'embêter mes collègues avec ça. Que mon chef fasse sa sauce.
J'ai pris mon établissement pour exemple mais les dérives sont peut être plus affligeantes ailleurs.
Et j'en reviens au brevêt des collèges. Avec ces injustices qui ne manqueront pas d'apparaitrent au niveau national, peut-on encore parler de diplôme national ?